Comprendre et accompagner les systèmes et les filières alimentaires

La façon de se nourrir, au cœur de nos vies quotidiennes, est depuis toujours confrontée au renouvellement des connaissances technologiques, économiques et sociétales. Elle est aujourd’hui porteuse d’enjeux majeurs qui concernent la santé et les maladies chroniques liées à l'alimentation, les impacts environnementaux des choix alimentaires, et les inégalités d’accès à une offre alimentaire de qualité et en quantité suffisante. Les recherches en économie et sciences sociales menées à EcoSocio portent un éclairage sur les comportements et pratiques alimentaires, ainsi que sur leurs déterminants, qu’ils soient économiques, sociaux ou culturels, permettant de saisir la diversité des consommateurs et de leurs pratiques (achat, cuisine, repas à domicile et hors domicile). Les conditions de marché et les effets des politiques alimentaires constituent aussi les objets de prédilection des scientifiques EcoSocio. Leur analyse fournit une compréhension des mécanismes qui règnent sur l’environnement économique des consommateurs mais aussi sur d’autres agents économiques tels que les industries agroalimentaires. L’organisation des filières agroalimentaires et les stratégies des entreprises sont également l’objet de travaux en sociologie et en économie. Il s’agit d’étudier les interactions entre acteurs au sein des filières et la régulation de ces interactions par les politiques publiques et par des stratégies privées. L’ensemble de ces travaux porte l’ambition d’accompagner les transitions vers des systèmes alimentaires sains et durables.

Cette session se veut illustrative de la richesse des recherches en économie et sciences sociales de l’alimentation conduites dans le département EcoSocio. Les conférenciers s’intéresseront aux instruments de taxation et d’étiquetage nutritionnel mobilisables par le décideur public en faveur des choix alimentaires sains et durables. Une analyse des stratégies d’influence des firmes agroalimentaires illustrera l’apport de la sociologie économique à l’étude de l’organisation des filières agroalimentaires.

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Session animée par Anne Lhuissier 

Anne Lhuissier

Anne Lhuissier est sociologue, directrice de recherche INRAE au Centre Maurice Halbwachs. Ses travaux portent sur l’analyse des pratiques alimentaires, en articulation avec les dispositifs de réforme sociale et de surveillance épidémiologique dont elles font l’objet, (aux XIXe et XXe siècles). Elle travaille également à une sociologie comparée (France, Royaume Uni, Chili) des repas contemporains, et s’intéresse plus récemment aux pratiques de commensalité dans le cadre de dispositifs d’aide alimentaire.

 

Le grand témoin, Louis-Georges Soler

Louis Georges Soler

Louis-Georges Soler est économiste, directeur de recherche INRAE à l’unité ALISS. Spécialiste des filières agricoles et agroalimentaires, il a développé plus récemment des recherches sur les politiques nutritionnelles. Depuis 2018, il est Directeur Scientifique adjoint INRAE « Alimentation et bioéconomie ». À ce titre, il contribue à définir les grandes lignes de la politique de recherche de l’institut sur les relations entre alimentation, santé, agriculture et environnement.

 

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Programme de la séquence Alimentation et industries agroalimentaires

 vendredi 26 novembre 9h00 - 10h25 

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  • Évaluations des effets des politiques de taxes par Olivier Allais (INRAE, ALISS) et Céline Bonnet (INRAE, TSE-R)
Olivier Allais
Céline Bonnet

Résumé : L’alimentation est au cœur des préoccupations des pouvoirs publics en raison de ses impacts sur la santé et sur l’environnement. D’une part, une alimentation déséquilibrée ou de mauvaise qualité nutritionnelle est l’un des principaux facteurs de risque pour nombre de maladies chroniques. D’autre part, la chaine alimentaire, de la production à la consommation, est à l’origine de 20 à 30% des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Europe. Changer les comportements des consommateurs est un levier important pour améliorer la qualité nutritionnelle et réduire l’impact carbone de l’alimentation. Sur la dimension santé, les pouvoirs publics ont largement utilisé les outils d’information pour changer leurs comportements mais sans pouvoir les infléchir drastiquement. Ils se tournent désormais vers des outils de politique visant à changer l’environnement alimentaire des consommateurs, notamment via des changements de prix. Ce fut notamment le cas de la taxe soda introduite dans de nombreux pays. Des chercheurs du département Ecosocio d’INRAE produisent des évaluations ex-ante et ex-post des effets de ces taxes sur les comportements d’achats des consommateurs mais aussi sur les stratégies des firmes (prix, qualité, variété). Nous proposons de présenter les méthodes utilisées pour ces évaluations et les résultats des études menées sur l’évaluation des politiques de taxes au sein du département. Nous conclurons sur les futurs défis scientifiques dans ce domaine.

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  • L’ère de l’alimentation industrielle : éléments pour une sociohistoire des rassuristes par Thomas Depecker (INRAE, CMH) et Marc-Olivier Déplaude (INRAE, IRISSO)
Thomas Depecker
Marc-Olivier Déplaude

Résumé : Depuis la fin des années 2000, la production sociale de l’ignorance est devenue un objet de recherche majeur en sciences sociales. S’inscrivant souvent dans le champ des Science & Technology Studies, cette littérature, parfois qualifiée d’« agnotologie », s’intéresse notamment aux risques sanitaires et environnementaux associés aux activités des industries et à leurs produits. Elle analyse aussi bien les mécanismes sociaux et institutionnels qui aboutissent à une relativisation ou à une invisibilisation de ces risques, que les stratégies visant à produire expressément ce résultat. À partir de recherches que nous menons depuis une dizaine d’années sur les industries agroalimentaires et sur les usages de la figure du consommateur, nous étudions plus particulièrement la manière dont ces stratégies sont produites et, éventuellement, contestées. Nous montrons que ces stratégies visent avant tout à rassurer des consommateurs jugés crédules face aux discours critiques que suscite le recours croissant à la chimie de synthèse dans l’agriculture et la production des aliments à partir du milieu du 20e siècle. Elles ont notamment pour caractéristiques de mobiliser des universitaires et des chercheurs, de viser différentes catégories de professionnels susceptibles d’influer à leur tour sur des publics plus larges, et de s’inscrire dans le temps long. Nous illustrerons notre propos par des enquêtes conduites sur des organisations défendant les intérêts des industries agroalimentaires et répondant aux critiques formulées à l’égard de ces dernières.

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  • Évaluer ex ante l’impact des étiquetages nutritionnels en laboratoire par Laurent Muller (INRAE, GAEL) 
Intervenant-MULLER

Résumé : L'économie expérimentale consiste à expérimenter les comportements économiques individuels en reconstituant, en laboratoire, une situation économique simplifiée pour laquelle l’ensemble des variables est contrôlé par l’expérimentateur. Les expériences sont de plus en plus utilisées pour aider la prise de décision publique et privée sur les questions de société. Elles sont notamment utilisées dans les études de consommation pour mieux comprendre et prévoir le comportement des individus sur le marché. Les expériences permettent l'évaluation ex ante d'une action, c'est-à-dire qu’elles permettent d'analyser des phénomènes économiques pour lesquels il n'existe pas (ou pas encore) de données ou pour lesquels les données sont difficiles à observer ou à exploiter. Ceci est particulièrement utile lorsque, par exemple, les décideurs politiques cherchent des arguments pour soutenir la pertinence d'une politique qu'ils envisagent de lancer dans le futur. Ce fut notamment le cas en 2016 lorsque le ministère français de la Santé a commandité des expérimentations pour déterminer le meilleur format d'étiquetage nutritionnel pour infléchir les comportements de consommation, aboutissant au Nutri-Score sur la face avant des emballages alimentaires en France et dans quelques autres pays européens.

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  • Intervention du grand témoin, Louis-Georges Soler sur les recherches menées sur l’alimentation et industries agroalimentaires  
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Trois thèses en 180 secondes

Présentations flash de jeunes chercheurs

PhD noun
  • Essais sur le commerce électronique dans le secteur de la distribution alimentaire par Clara Etcheverry (TSE-R)
    • Quel est l’impact du e-commerce sur la concurrence dans le commerce de détail, les relations verticales entre producteurs et distributeurs et le comportement des consommateurs sur le marché français de l'agroalimentaire ?

 

  • "Cohabiter en cuisine" : le genre dans la mise en commun conjugale des pratiques alimentaires par Angèle Fouquet (CMH)
    • Au moment de l’installation en cohabitation conjugale de jeunes adultes, quel rôle joue l’alimentation dans la production du couple, et comment s’effectue la mise en commun de la gestion alimentaire domestique et notamment la répartition genrée des tâches  

 

  • Trois essais sur la qualité des produits dans l'économie internationale par Francesco Guerra (SMART-LERECO)
    • Quel est le rôle de la qualité des produits dans le commerce international vis-à-vis des aléas de la demande à l’étranger ? Un focus sur les exportations françaises dans le secteur agroalimentaire.
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