Séquence historique

Organisée en deux temps, cette séquence reviendra tout d’abord sur les éléments historiques du département, incluant le contexte de sa création, les principales missions qui lui avaient été attribuées, l’évolution des disciplines, des thématiques, approches et pratiques de recherche. Les transformations des champs académiques en économie et sociologie et le rôle de l’agenda politique (Ministère de l’Agriculture, Communauté européenne, etc.) sur les questions agricoles, alimentaires et environnementales, seront également abordées. Différents tournants importants dans la stratégie scientifique et partenariale du département seront mis en regard des enjeux sociétaux et de la diversification des questions de recherche comme déterminants importants de ces tournants.

La seconde partie de la séquence sera consacrée à des témoignages de scientifiques qui ont été les témoins, et souvent des acteurs majeurs, de certains de ces grands tournants et de ces évolutions des recherches du département. Le regard de ces grands témoins permettra de rendre plus vivante la façon dont le département a su s’adapter et évoluer, et ainsi donner des leçons utiles pour le futur.

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Session animée par Gilles Laferté

Cilles Laferte

Gilles Laferté est sociologue, directeur de recherche INRAE à l’UMR CESAER. Ses travaux portent sur la sociologie des mondes ruraux et agricoles et témoignent d’un intérêt pour l’histoire des sciences sociales. Il est chef de département adjoint EcoSocio en charge de la sociologie.

 

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Programme de la Séquence Historique

Jeudi 25 novembre 9h30-10h30

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  • Statistiques et politiques agricoles : la genèse du département d’Economie et de sociologie rurales de l’Inra exposé d’Egizio Valceschini et de Stéphane Krebs 

Résumé : Exception faite de quelques chercheurs formés aux méthodes américaines, l’économie rurale française est plus proche de l’érudition que de la science dans l’après-guerre. L’Inra, créé en 1946, commence en 1955 seulement à recruter des praticiens des sciences sociales, en intégrant un premier collectif disciplinaire d’économistes. Dans une France agricole qui, dans la plupart des exploitations, ignore les règles de base de la comptabilité, et sous la tutelle d’un ministère de l’Agriculture qui raisonne encore essentiellement en surfaces, effectifs et tonnages, le principal objectif de ce collectif est de mettre au point un instrument de rationalisation de la gestion des exploitations agricoles : la programmation linéaire, objet de recherche en complète cohérence avec la visée modernisatrice d’augmentation de la productivité et de rééquilibrage de la balance commerciale.

La signature du Traité de Rome en 1957, avec la promesse d’une Politique agricole commune fondée sur un pilotage macroéconomique des principaux marchés, ouvre des perspectives intéressantes aux sciences économiques et sociales de l’Inra. Il est toutefois évident, tout particulièrement aux yeux de Louis Malassis puis de Denis Bergmann, premiers directeurs de la jeune équipe, que le calcul économique ne peut en rester au niveau de l’économie de l’exploitation individuelle, dans la tradition des écoles d’agronomie : il doit concerner aussi, et de plus en plus, la politique agricole, avec comme objectif de guider la décision publique et de mesurer l’adaptation des systèmes de production agricoles. L’arrivée au ministère d’Edgard Pisani en 1961 est un puissant encouragement à cette évolution.

Mais, dès cette période, la recherche en économie est de facto soumise à une forte tension : d’un côté, les questions qu’elle informe sur une base scientifique revêtent des enjeux politiques directs qui en valorisent les résultats, mais d’un autre côté, il lui faut défendre son indépendance intellectuelle face au risque d’être trop étroitement assujettie aux enjeux techniques de la recherche agronomique et aux objectifs à court terme des politiques publiques.

Ancrée dans une école française d’économie rurale qui valorise le débat critique et la réflexion théorique, et qui est alors traversée par des controverses majeures sur le pilotage et les

finalités de la modernisation agricole, la recherche prétend éclairer la décision publique, mais refuse d’être un auxiliaire du décideur. Pour cela, les économistes doivent disposer d’outils quantitatifs et de données statistiques, dont le secteur agricole français est pauvre. En même temps qu’il centre ses recherches sur les politiques agricoles, le département d’économie et de sociologie rurales de l’Inra se donne donc pour tâche centrale la construction d’un dispositif de statistique agricole national et européen capable de lui apporter les données nécessaires à la validation de ses hypothèses et de ses préconisations éventuelles.

Micro et macro économie, fabrique et usage de la donnée, recherche et expertise, les grandes questions du positionnement de la recherche en économie rurale sont posées avec acuité dès le départ de cette histoire.

  • Suivie d'une discussion animée par Gilles Laferté avec des grands témoins des évolutions du département EcoSocio :
    • Séverine Gojard
    • Hervé Guyomard
    • Bertrand Schmitt
    • Louis-Georges Soler
    • Alban Thomas
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