Les mondes agricoles face aux enjeux globaux 

Les négociations autour de la nouvelle politique agricole commune européenne 2021-2027 ont donné lieu à une forte mobilisation citoyenne et à la mise à l’agenda public des questions agricoles. La façon de produire leurs aliments interpelle les citoyens qui réclament un verdissement efficace des politiques publiques dans ce domaine. Les échanges internationaux de produits agricoles et les équilibres mondiaux entre besoins et disponibilités alimentaires sont également parmi les enjeux majeurs auxquels le monde agricole fait face. Les décisions de production des agriculteurs (structures d’exploitations, choix de productions, pratiques) sont au cœur de ces problématiques : démographie, taille, efficacité technicoéconomique des exploitations, choix de systèmes et de pratiques de production, accès aux facteurs de production – dont le foncier –, travail agricole, formation du revenu des agriculteurs, mais aussi plus généralement de la répartition de la valeur dans les chaînes de valeur alimentaires.

Le département EcoSocio, dès sa création, apporte son expertise en analyse et évaluation des politiques agricoles via les outils statistiques, de modélisation, d’évaluation de scénarios qui permettent de formuler des recommandations en lien avec les objectifs définis par les pouvoirs publics. Les travaux en économie agricole menés dans le département visent à comprendre ce qui préside aux décisions de production des agriculteurs d’une part, aux décisions d’importer et d’exporter des entreprises agroalimentaires d’autre part, de manière à évaluer les politiques publiques (PAC, politiques commerciales), à analyser l’adaptation des exploitations agricoles aux changements de contexte et aux risques, à examiner l’ajustement des flux d’échanges et leur contribution à la sécurité alimentaire mondiale mais également aux changements globaux. Les initiatives en matière de modélisation de marchés agricoles à l’échelle globale et les modèles d’impact environnemental qui leur sont associés permettent de mieux appréhender les enjeux associés aux changements globaux pour répondre aux défis tels que la sécurité alimentaire et l’impact du changement climatique. Les travaux sur l’insertion des industries agroalimentaires dans les marchés internationaux permettent de mesurer les impacts macroéconomiques des accords commerciaux agricoles sur les agricultures et les marchés des pays développés et en développement..

Les conférenciers illustreront ce large domaine de recherche par des exposés sur la modélisation des décisions de production des agriculteurs, sur les flux d’échanges internationaux et la mesure des impacts des accords commerciaux, sur les stratégies des firmes à l’exportation et sur l’impact de la prise en compte des risques sur ces décisions et, dans une perspective sociologique, sur la gouvernance des transitions vers des systèmes alimentaires durables.

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Session animée par Chantal Le Mouël

Chantal Le Moël

Chantal Le Mouël est économiste, directrice de recherche INRAE à l’UMR SMART-LERECO. Ses travaux portent sur l’analyse des liens (dont le commerce international) entre systèmes agricoles et alimentaires et usage des terres, au niveau global. Elle développe des modèles mondiaux de marchés et d’échanges, avec une ouverture aux autres disciplines d’INRAE, pour compléter ces modèles d’évaluation économique par des modules d’évaluation environnementale. Elle a été cheffe de département adjointe SAE2 entre 2008 et 2015.

Vidéo de l'intervention de Chantal Le Moel >>>

 

Le grand témoin, Hervé Guyomard

Photo H. Guyomard

Hervé Guyomard est économiste, directeur de recherche INRAE Bretagne-Normandie. Il est spécialiste de la modélisation des économies agricoles et de l’analyse des impacts des politiques publiques, notamment de la PAC. Il a été chef du département ESR / SAE2 entre 1999 et 2007, puis Directeur Scientifique de l’Inra entre 2007 et 2016 en charge des thématiques « Société-Economie-Décision », puis « Agriculture ». 

 

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Programme de la Séquence Mondes Agricoles

Jeudi 25 novembre 11h00 - 12h25 

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  •  Innovations institutionnelles pour les transitions agro-écologiques par Allison Loconto (INRAE, LISIS) 
Allison Loconto
  • Modélisation des choix de production et analyse des effets des politiques agri-agricoles : du soutien des prix des produits agricoles à la promotion de la transition agro-écologique par Alain Carpentier (INRAE, SMART-LERECO) 

Résumé Les transitions agro-écologiques impliquent la nécessité d'un changement complet du système - il ne suffit pas d'introduire quelques « pratiques plus durables » dans les systèmes agroalimentaires où le pouvoir, les ressources et les connaissances bien ancrés dans des relations historiques créent des verrouillages dans les systèmes courants. Il faut, au contraire, modifier les règles qui régissent non seulement la production agricole, mais aussi la transformation des denrées, la commerce des produits et la consommation des aliments, afin de permettre aux producteurs de changer leurs pratiques agricoles. Entre 2013 et 2018, un projet de recherche participative qui a étudié les innovations dans les transitions vers des systèmes alimentaires durables dans 20 pays a été mené par A. Loconto, en collaboration avec la FAO. Encadré par les théories sociologiques de l'interaction, quatre processus d'intermédiation ont été identifiés qui ont permis aux acteurs privés et de la société civile de changer les institutions qui régissent les systèmes alimentaires locaux. Ce projet interactif a donné lieu à trois publications FAO-INRAE et a inspiré des projets dérivés dans cinq pays africains et en Inde. L’exposé présentera cette expérience et ses résultats qui démontrent une approche originale – qui mobilise à la fois des données qualitatives et quantitatives – à l’étude des innovations institutionnelles pour les transitions agro-écologiques.

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  • Micro-économétrie de la production agricole et analyse des effets des politiques agri-environnementales : du soutien des prix à la transition agro-écologique par Alain Carpentier (INRAE, SMART-LERECO)
Alain Carpentier

Résumé  : La modélisation des choix de production des agriculteurs s’est progressivement adaptée aux évolutions des politiques agricoles et environnementales. Dans ce contexte, les économistes de la production agricole d’INRAE comptent parmi ceux qui ont le plus investi dans le domaine de la micro-économétrie structurelle. 

La micro-économétrie structurelle mobilise les techniques de la statistique computationnelle afin d’analyser les choix des agents économiques à partir de données micro-économiques et de modèles structurés par la théorie micro-économique. Elle a permis aux économistes d’INRAE de proposer des modèles permettant d’une part de tenir compte de l’hétérogénéité inobservée des agriculteurs et de leurs conditions de production, et d’autre part de représenter finement leurs choix d’assolement, y compris le choix des cultures produites. Par leurs spécificités ces modèles micro-économétriques tendent à rapprocher trois communautés d’économistes de la production agricole qui ont longtemps travaillé en parallèle : ceux travaillant avec des modèles économétriques, ceux construisant des modèles de programmation mathématique et ceux s’intéressant au choix d’usage des terres. 

Les objectifs et les modalités d’intervention de Politique Agricole Commune sont de plus en plus axés sur les pratiques de production agricole, ce qui amène les économistes de la production agricole à intégrer des notions d’agronomie dans leurs modèles. Les micro-économètres d’INRAE ont investi ces questions et ont obtenu des résultats intéressants, sur les effets des successions culturales et le choix des itinéraires techniques de production. Ce champ de recherche est stimulant mais difficile, en raison des spécificités de la production agricole (processus dynamique, hétérogène et soumis à de nombreux aléas), des limites des données disponibles sur les pratiques de production agricole et des difficultés du travail pluridisciplinaire.

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  • L’internationalisation de l’agriculture : que retenir ? par Anne-Célia Disdier (INRAE, PjSE) et Karine Latouche (INRAE, SMART-LERECO) 
Anne Celia Didier
Karine Latouche

Résumé : Que retenir des recherches menées dans le département en économie internationale appliquée aux échanges de produits agricoles et alimentaires ? En s’appuyant sur les principaux projets européens qui ont structuré ces recherches, cette présentation retracera l’évolution et la diversité des questions traitées. En lien direct avec des questions d’actualité au niveau international, nos travaux ont toujours utilisé les approches les plus récentes et se sont insérés dans des réseaux européens d’excellence. D’abord centrés sur les instruments traditionnels de politiques commerciales mobilisés dans un cadre multilatéral, nos travaux abordent maintenant les instruments plus récents mobilisés dans les accords régionaux ou bilatéraux. Les mesures non tarifaires et les indications géographiques sont aujourd’hui des champs de recherche importants. Le rôle des entreprises multinationales et leur internationalisation soit via l’exportation, soit via l’implantation étrangère sont également analysés par les chercheurs du département.

Ainsi, les travaux menés prennent en compte non seulement la complexité des politiques commerciales agroalimentaires et la multiplicité des acteurs, dans un contexte de changements structurels majeurs (concentration du marché, insertion dans les chaînes de valeur mondiale), mais aussi les attentes croissantes des consommateurs et citoyens (qualité et sécurité des aliments, sécurité alimentaire mondiale, implications environnementales, changement climatique).

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  • Intervention du grand témoin, Hervé Guyomard sur les recherches menées sur les mondes agricoles dans le département EcoSocio.
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Trois thèses en 180 secondes

Présentations flash de jeunes chercheurs

PhD noun
  • Les politiques publiques permettent-elles de concilier performances économiques et performances environnementales des exploitations agricoles ?par Thierno Bocar Diop (CESAER)
    • Est-ce que les changements de pratiques des agriculteurs sont véritablement attribuables aux politiques agro-environnementales ? Quel est l’effet des politiques publiques sur les performances économiques et environnementales des exploitations agricoles ?

 

  • Effets du changement climatique sur les inégalités de revenu des agriculteurs par Maxime Ollier (Economie Publique)
    • De par sa contribution aux émissions de gaz à effet de serre et ses liens avec le climat, l’agriculture européenne doit réduire ses émissions et s’adapter au changement climatique. Quels sont les effets distributifs des politiques de réduction des émissions d’une part et de l’adaptation au changement climatique d’autre part ?

 

  • Efficacité et ciblage optimal des paiements pour services écosystémiques par Anca Voia (TSE-R)
    • Les programmes de Paiements pour Services Écosystémiques visant à la conservation des prairies et des forêts sont-ils un moyen efficace de lutter contre le changement climatique ? Serait-il possible d’améliorer leur efficacité en proposant des contrats plus ciblés sur la population concernée ?

 

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