Pour un développement durable des territoires ruraux

Mutations économiques et sociales des espaces ruraux, enjeux de cohésion entre les territoires urbains et ruraux, fractures territoriales, phénomène de périurbanisation – autant de sujets majeurs à l’agenda public. Pour les traiter, les économistes, sociologues et géographes d’EcoSocio mettent l’accent sur les mécanismes qui concourent à la localisation et l’organisation territoriale des activités et des hommes sur un gradient urbain-rural. Le fonctionnement et les dynamiques des espaces périphériques – ruraux et périurbains, apparaissent alors étroitement liés avec les enjeux économiques et sociaux contemporains, que ce soit en termes de démographie et de modes de vie, d’activités économiques, ou bien de politiques publiques.

Plusieurs angles d’analyse sont employés pour éclairer les transformations des espaces et mondes ruraux. Premièrement, il s’agit d’étudier les déterminants de la localisation résidentielle des ménages, les dynamiques urbaines et leurs liens avec la concurrence locale pour l’usage des sols et la localisation des productions agricoles. Deuxièmement, le développement économique des territoires ruraux est considéré au prisme de l’analyse et de l’évaluation des politiques spatialisées, comme celles d’aménagement du territoire, ou non spécialisées, comme les politiques environnementales. Enfin, un regard est porté sur les groupes sociaux et les inégalités sociales et territoriales, ainsi que les formes particulières d’engagement et de mobilisations collectives dans les espaces ruraux.

Les conférenciers de cette session illustreront la diversité de la thématique en discutant trois sujets : l’ethnographie de la jeunesse populaire dans les espaces ruraux en déclin, les choix de localisation résidentielle au regard des questions environnementales et l’apport des essais contrôlés randomisés pour le design de politiques publiques. 

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Session animée par Cécile Détang-Dessendre 

Cécile Detang-Dessendre

Cécile Détang-Dessendre est économiste, directrice de recherche INRAE à l’UMR CESAER. Elle est spécialisée en économie régionale, plus particulièrement appliquée à l’analyse des dynamiques des espaces ruraux. Depuis 2017, elle est Directrice Scientifique adjointe INRAE « Agriculture » et a été cheffe de département adjointe SAE2 entre 2016 et 2017.

 

Le grand témoin, Bertrand Schmitt

Bertrand Schmitt

Bertrand Schmitt est économiste, directeur de recherche INRAE à l’UMR CESAER. Ses travaux portent sur les dynamiques économiques des espaces ruraux en s’appuyant sur les apports de l'économie géographique pour éclairer les processus de localisation des activités économiques et des populations en milieu rural. Il travaille également sur les enjeux de sécurité alimentaire mondiale. Après avoir dirigé l’UMR CESAER (1997-2002) et avoir été Chef de département adjoint (2002-2007), il a été chef du département SAE2 entre 2007 et 2013, puis Directeur de la Délégation à l'Expertise scientifique collective, à la Prospective et aux Etudes (DEPE) de l’Inra entre 2013 et 2018.

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Programme de la Séquence Espaces Ruraux et Territoires

Vendredi 26 novembre 13h55 - 15h20 

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  • Réduire le coût du travail accroît-il l’emploi local ? Le cas des Zones de revitalisation rurale par Luc Behaghel (INRAE, PjSE)
Luc Behaghel

Résumé : Depuis le milieu des années 1990, la réduction du coût du travail et spécifiquement les allègements de charges sociales sur les bas salaires sont devenus la principale mesure des politiques de l’emploi en France. Depuis 1996, et à l’image des quartiers prioritaires urbains, les territoires ruraux ont leur dispositif propre : les zones de revitalisation rurale (ZRR). Malgré leur logique simple – l’emploi en milieu rural passe par l’installation et la stimulation de la demande de travail des entreprises – les ZRR n’ont pas tenu leurs promesses de création d’emploi, mais ont été reconduites et étendues au fil des ans. Cette présentation propose un éclairage sur l’histoire du dispositif du point de vue de son évaluation par les chercheurs et l’administration. Deux points ressortent : l’évolution rapide des méthodes d’évaluation, en vue d’abord d’améliorer la crédibilité, puis la portée des travaux ; la complexité de l’appréhension et de la mobilisation de ces travaux par le décideur public. 

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  • « Ce qui se passe ici » : valoriser les enquêtes ethnographiques dans la profusion des discours sur la ruralité par Benoit Coquard (INRAE, CESAER)
Benoit Coquard

Résumé :  La pandémie est venue accélérer un profond regain d’intérêt sociétal pour le rural, lequel s’accompagne d’une profusion de discours sur ce qu’est la ruralité et ce que sont les ruraux. Cette tendance nous force à prendre davantage conscience des enjeux de connaissance autour de nos objets, que ce soit dans la façon de les traiter ou dans la manière de diffuser nos résultats. Je souhaiterais évoquer ici le cas de la sociologie des mondes ruraux et de ce que cela implique, aujourd’hui, de confronter nos recherches à des formes concurrentes de savoir en sciences sociales.

J’évoquerai le fait que nous assistons à une diffusion massive des discours sur la ruralité et la France loin des grandes villes, en parallèle de mouvements sociaux et de débats politiques ayant pour référence des activités ou des situations rurales. Il en résulte dans l’espace public un certain mélange des genres, où se rencontrent des discours politiques, des théories essayistes, et enfin des travaux de sciences sociales qui peinent à « séduire », comme on dit, et que l’on somme, dans le jeu médiatique, de réagir et se positionner « avec ou contre » les discours les plus visibles.

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  • Localisation résidentielle et environnement : compromis et synergies par Sophie Legras (INRAE, CESAER) et Carl Gaigné (INRAE, SMART-LERECO) 
Sophie Legras
Carl Gaigné

Résumé : Les territoires ruraux se métamorphosent depuis le début du XXIème siècle. Les structures économiques et sociales en dehors des pôles urbains se recomposent sous l’influence notamment de la dissociation croissante entre les lieux de résidence et d’emploi. Ces modifications interrogent la soutenabilité de l’essor des communes rurales en périphérie des pôles urbains. Les liens entre l’étalement urbain et l’environnement sont nombreux et complexes, puisque les aménités environnementales peuvent être un facteur de choix de localisation des ménages, et que le type de développement en résultant peut porter atteinte à la qualité environnementale. Une série de travaux ont été menés pour identifier les compromis et synergies possibles entre objectifs environnementaux dans le processus d’urbanisation, qui affecte l’ensemble des espaces sur le gradient urbain-rural, afin de distinguer les contextes où politiques d’aménagement, agricoles et environnementales peuvent bénéficier de synergies de ceux où la recherche de compromis est nécessaire. Ces travaux montrent que les préférences des ménages pour les paysages à proximité de leurs lieux d’habitation sont compatibles avec l’objectif de protection des habitats, supports de la biodiversité. Ils permettent aussi de remettre en question le consensus émergent sur la supériorité de la ville compacte comme forme de ville durable, moins émettrice de gaz à effet de serre et moins consommatrice de terres.

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  • Intervention du grand témoin, Bertrand Schmitt sur les recherches menées sur les espaces ruraux et les territoires dans le Département EcoSocio.
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Trois thèses en 180 secondes

Présentations flash de jeunes chercheurs

PhD noun
  • La protection des sources d’eau sur l’impluvium de Vittel : Évaluation monétaire des services environnementaux et sociaux, et des impacts sur l’économie locale par Tristan Amiri (BETA)
    • Quels sont les co-bénéfices associés aux mesures de protection de la qualité de l’eau menées à l’échelle territoriale (sur l'impluvium de Vittel) ? Quelle est la valeur accordée à ces bénéfices par les individus résidant sur ce territoire et par les non-résidents ? Quelles conséquences ces mesures ont-elles pour l'économie locale ?

 

  • Rareté, certification et héritage : la terre en Éthiopie par Victor Cordonnier (PjSE)
    • La forte croissance démographique que connaissent les pays d’Afrique de l’Est, et ses conséquences en matière de pression sur les terres agricoles, sont-elles susceptibles de ralentir le recul des mariages précoces des filles chez les ménages ruraux ?

 

  • Des systèmes alimentaires locaux aux politiques alimentaires territoriales par Julie Lailliau (ETBX)
    • Quel arbitrage des interdépendances, entre acteurs de la régulation, avec les territoires et entre formes de connaissances, se jouent à travers le travail politique et institutionnel que mènent les acteurs dans la construction et la mise en œuvre d’une politique alimentaire intégrée départementale ?

 

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